Évolution stratégique du modèle de sourcing de la DT2 sous l’œil vigilant de la Cfdt
Une transformation au service de la performance technologique
La Cfdt Fonctions Centrales a participé à une réunion d’information cruciale concernant l’évolution du modèle de sourcing de la Direction Technologie 2 (DT2). Cette présentation expose une réorganisation significative des ressources externes et internes, avec l’intégration renforcée d’AXA Global Business Services (AGBS) Maroc. L’objectif affiché : maintenir 50% des effectifs en interne tout en optimisant les prestations externes.
Cependant, au-delà des chiffres annoncés, la Cfdt identifie des enjeux majeurs pour les collaborateurs de la DT2. Cette évolution soulève des questions légitimes sur la préservation de l’emploi en France, la qualité des conditions de travail et la maîtrise des compétences stratégiques au sein d’AXA France.
Le modèle de Sourcing actuel et ses objectifs
La DT2, avec plus de 1700 collaborateurs directs et environ 3500 personnes au total (incluant les prestataires), gère l’ensemble des projets technologiques d’AXA France. Le plan stratégique vise une répartition claire : 50% d’effectifs internes, 40% via des centres de services managés (Capgemini, Accenture, DXC), et seulement 10% en assistance technique.
Actuellement, la direction reconnaît être encore loin de ces objectifs : 48% d’effectifs internes, 36% en centres de services, et 16% en assistance technique. Cette dernière catégorie, jugée coûteuse et génératrice de turnover, constitue la cible prioritaire de transformation. Par conséquent, la direction souhaite réduire drastiquement ce mode de sourcing en développant le partenariat avec AGBS Maroc.
L’expansion controversée vers AGBS Maroc
La direction projette de faire passer les effectifs chez AGBS Maroc de 70 à 140-150 personnes d’ici fin 2026. Les domaines concernés incluent les tests, la cybersécurité, l’automatisation, la data analytics, et potentiellement le développement sur Salesforce et Guidewire. Néanmoins, cette montée en charge intervient dans un contexte où l’entreprise compte déjà environ 500 personnes en offshore (Maroc, Vietnam, Île Maurice) via ses prestataires.
La direction justifie ce choix par plusieurs arguments : appartenance au groupe AXA, standards de sécurité identiques, adaptation aux organisations internes, et bassin de compétences marocain de qualité. Toutefois, même si non explicitement détaillé dans la présentation, l’avantage économique demeure évident, avec des coûts salariaux nettement inférieurs et l’élimination des marges des prestataires externes.
Les inquiétudes légitimes de la Cfdt et des représentants du personnel
Les élus Cfdt, autres organisations syndicales ont exprimé de vives préoccupations durant cette réunion. Premièrement, l’absence d’engagement ferme sur le maintien du seuil de 50% d’effectifs internes au-delà de 2026 alarme particulièrement. La coïncidence entre la fin du plan stratégique actuel et l’échéance de cette phase de transformation n’est pas anodine.
Deuxièmement, le dossier présenté manque cruellement d’informations détaillées : répartition précise des activités par département, volumes d’effectifs concernés, impact sur les équipes internes, coûts comparatifs chiffrés, et garanties sur la continuité de service. Il a été demandé une information-consultation formelle en CSE avec un dossier complet, position soutenue par la Cfdt et d’autres organisations syndicales.
Les risques identifiés pour les salariés
Au-delà des aspects quantitatifs, plusieurs risques qualitatifs émergent. D’abord, l’éloignement géographique peut générer des latences dans les échanges, réduire la flexibilité face aux cas non documentés, et créer des irritants pour les équipes habituées à travailler en proximité. Ensuite, les horaires décalés (fin d’activité à 17h au Maroc) posent des questions sur la couverture en cas d’incidents critiques.
De plus, externaliser des activités sensibles comme la sécurité et l’exploitation de production soulève des interrogations sur la maîtrise stratégique. Enfin, la charge supplémentaire de formation et d’intégration d’équipes distantes pèsera inévitablement sur les collaborateurs français, sans que cet impact ne soit précisément évalué ni compensé.
Les exigences syndicales pour protéger l’emploi
Face à cette situation, la Cfdt Fonctions Centrales revendique plusieurs engagements essentiels :
- Un engagement écrit garantissant que le taux de 50% d’effectifs internes ne descendra jamais en dessous de ce seuil, y compris après 2026. Cette garantie constitue le socle minimal de protection de l’emploi en France.
- La présentation d’un dossier exhaustif incluant les détails par activité, par département, les coûts comparatifs transparents, l’identification des postes concernés (AT ou centres de services existants), et l’évaluation précise de l’impact sur les conditions de travail des collaborateurs français.
- Une véritable information-consultation en CSE, dépassant le simple point d’information, permettant aux représentants du personnel d’exercer pleinement leur rôle de défense des intérêts des salariés. La transparence ne peut se limiter à une présentation d’une heure sans documents chiffrés ni possibilité d’analyse approfondie.
- Des garanties concrètes sur la qualité de service, la continuité d’activité, les plans de formation pour les équipes AGBS, et les dispositifs de gestion du turnover. L’expérience passée avec AXA Service Maroc (ASM) a démontré que les difficultés opérationnelles impactent directement les collaborateurs français qui doivent compenser.
Vigilance et mobilisation pour défendre l’emploi et les conditions de travail
Pour conclure, cette réunion d’information a révélé un projet d’amplification significative du recours à AGBS Maroc, passant de 70 à 140-150 personnes d’ici fin 2026. La direction justifie cette évolution par la nécessité de réduire l’assistance technique coûteuse et instable, tout en maintenant l’objectif de 50% d’effectifs internes. Les activités concernées incluent principalement les tests, la sécurité, l’automatisation, la data et potentiellement certains développements.
Cependant, les représentants du personnel ont souligné l’insuffisance criante des informations fournies et l’absence d’engagement au-delà de 2026. Les préoccupations portent sur la préservation de l’emploi en France, la maîtrise des compétences stratégiques, l’impact sur les conditions de travail des équipes internes, et la qualité de service globale.
La direction refuse pour l’instant d’organiser une information-consultation formelle, considérant que ce projet s’inscrit dans les orientations stratégiques déjà présentées. Néanmoins, elle s’engage à fournir des points d’étape réguliers sur l’avancement de la montée en charge.
La Cfdt refuse catégoriquement cette position insuffisante. Nous estimons que l’ampleur du projet, ses implications sur l’emploi et les conditions de travail, ainsi que l’absence de garanties post-2026 justifient pleinement une consultation formelle du CSE avec un dossier complet et transparent.
La Cfdt Fonctions Centrales reste mobilisée pour obtenir ces garanties et défendre l’emploi de qualité en France. Nous continuerons à exiger la transparence totale et à revendiquer des conditions de travail dignes pour tous les collaborateurs de la DT2. L’avenir technologique d’AXA France ne doit pas se construire au détriment de ses talents français. Nous ne laisserons pas cette transformation s’opérer sans contrôle démocratique ni protection sociale renforcée.