L’IA au cœur du dialogue social : Retour sur l’afterwork CFDT du 23 septembre
Quand l’intelligence artificielle bouleverse notre quotidien professionnel
En tant que délégué syndical CFDT chez AXA France, j’ai participé mardi 23 septembre à un afterwork particulièrement éclairant organisé par l’URI CFDT sur le thème des conséquences de l’IA pour les cadres. Cette rencontre, qui a rassemblé des experts, des syndicalistes et des professionnels de divers horizons, a permis de dresser un état des lieux saisissant de la révolution en cours dans nos entreprises.
D’emblée, les chiffres présentés ont confirmé ce que nous observons au quotidien : 35% des cadres utilisent désormais hebdomadairement des outils d’IA générative comme ChatGPT, Copilot ou Gemini, et 12% en font même un usage quotidien. Plus surprenant encore, cette adoption massive s’est faite majoritairement par le bas, les salariés s’appropriant ces outils avant même que les entreprises ne définissent un cadre d’usage. Cette révolution arrive donc « par la petite porte de l’individu », bouleversant les schémas traditionnels d’introduction des technologies en entreprise.
Entre opportunités et inquiétudes : les enjeux cruciaux pour notre avenir professionnel
Les échanges ont mis en lumière huit thèmes incontournables pour aborder l’IA dans le dialogue social. Premièrement, la finalité : pourquoi l’entreprise souhaite-t-elle déployer l’IA ?
Deuxièmement, l’évolution des contenus d’emploi, avec cette question centrale : l’IA sera-t-elle une assistance ou une substitution ? Les exemples concrets, notamment dans la traduction où l’IA peut désormais prendre en charge jusqu’à 90% des tâches, illustrent l’ampleur des transformations à venir.
Par ailleurs, les intervenants ont souligné des préoccupations majeures concernant l’emploi des jeunes, particulièrement menacé par ces technologies. Contrairement aux idées reçues, ce ne sont pas les seniors mais bien les profils juniors qui risquent d’être les premières victimes de cette révolution. La question de la responsabilité juridique en cas d’erreur de l’IA reste également floue, créant une zone d’incertitude préoccupante pour les salariés. Sans oublier l’impact environnemental considérable de ces technologies, dont la consommation énergétique explose, remettant en question la soutenabilité même du modèle.
L’urgence d’agir : construire ensemble un cadre protecteur
Face à ces défis, la CFDT affirme la nécessité d’agir sans attendre. Comme l’a rappelé Sophie Thiry du CESE, « on ne pouvait pas attendre » que la réglementation se mette en place. Il faut dès maintenant faire de l’IA un objet de dialogue social dans nos entreprises. Chez AXA, nous avons d’ailleurs négocié un accord de méthode pour encadrer ces questions, une démarche encore trop rare selon les intervenants.
La CFDT propose des outils concrets : une doctrine claire sur l’IA, des guides pratiques pour négocier, et bientôt un module de formation dédié pour les militants. L’objectif est clair : favoriser un dialogue social qui permette d’interroger la stratégie numérique des entreprises et de garantir que les gains de productivité bénéficient aussi aux salariés, que ce soit en termes de revenus ou de temps de travail. Car comme l’a si bien résumé un intervenant : « Il n’y a pas d’innovation au détriment des conditions de travail ».
Retrouvez l’accord sur le dialogue social et l’intelligence artificielle au sein d’Axa