Ajustement au sein du DATA Office – Périmètre IA Factory
Une transformation qui interpelle les salariés
Le CSE a récemment reçu un point d’avancement crucial concernant l’ajustement organisationnel au sein du Data Office, plus précisément dans le périmètre de l’IA Factory. En tant que représentants Cfdt, nous avons assisté à une présentation dense qui soulève de nombreuses questions sur l’avenir de nos conditions de travail et l’impact de l’intelligence artificielle sur nos métiers. Cette réunion, initialement prévue pour informer les élus sur l’évolution de l’organisation, a révélé une réalité complexe nécessitant une attention particulière de la part des représentants du personnel.
L’effectif de l’IA Factory est passé de 29 collaborateurs en CDI en février à 35 actuellement, avec 6 équipes managériales désormais opérationnelles. Toutefois, cette croissance rapide s’accompagne de défis importants : deux démissions ont été enregistrées, et la charge de travail semble peser considérablement sur les équipes. La Cfdt exige de la transparence sur ces mouvements et leurs conséquences réelles pour les salariés.
Structure organisationnelle et classification des managers
La nouvelle organisation comprend six équipes dédiées aux programmes majeurs : excellence technique, cross-sell et acquisition, productivité, assureur responsable, développement de plateformes IA et gouvernance. Néanmoins, un point crucial reste en suspens : la classification des managers. Lors de la réunion de février, il avait été annoncé que les six postes managériaux passeraient par un processus de pesée. Aujourd’hui, nous apprenons que certains managers restent classés en classe 6, tandis que la cible visée est la classe 7.
Cette disparité soulève des inquiétudes légitimes. Comment garantir l’équité salariale lorsque les responsabilités managériales sont comparables ? La Cfdt exige que ce processus de reclassification soit accéléré et que tous les managers bénéficient d’une reconnaissance à la hauteur de leurs compétences techniques, managériales et de leurs interactions avec l’ensemble de la chaîne de valeur. L’argument avancé concernant la polyvalence requise – expertise technique, management d’équipe et collaboration transverse – justifie pleinement cette revalorisation. Nous resterons vigilants sur ce dossier.
Charge de travail et équilibre vie professionnelle-vie personnelle
Un sujet particulièrement préoccupant émerge des remontées terrain : la surcharge de travail. Le départ récent du manager de l’équipe OPEX, après 11 ans chez AXA, soulève des questions. Bien que la direction affirme qu’il s’agit d’une démission liée à une opportunité externe attractive, nous ne pouvons ignorer les signaux d’alerte concernant la charge de travail dans ces équipes en forte croissance.
L’intérim assuré par le manager de l’équipe excellence technique, qui gère déjà environ 10 personnes, représente un cumul de responsabilités temporaire certes, mais révélateur d’un système sous tension. La direction assure qu’il ne s’agit pas d’une fusion de postes et qu’un recrutement est en cours. Toutefois, la Cfdt exige des garanties concrètes sur le suivi de la charge de travail et des engagements clairs pour préserver l’équilibre vie professionnelle-vie personnelle des collaborateurs. Les effectifs ont certes augmenté aujourd’hui, mais cette croissance doit s’accompagner d’une vigilance accrue sur les conditions de travail.
Les « Accélérathons » : Innovation ou pression supplémentaire ?
Le concept d’« accélérathon » présenté comme un véhicule d’innovation soulève des interrogations. Ces événements rassemblent des équipes pluridisciplinaires pour développer rapidement des solutions IA répondant à des problématiques métiers concrètes. Si l’objectif paraît louable, plusieurs questions demeurent sans réponse satisfaisante.
La participation se veut « sur la base du volontariat », mais des remontées indiquent qu’une non-participation serait mal perçue. La Cfdt revendique fermement que ces événements ne deviennent pas une obligation déguisée et que la participation – ou non – n’impacte en aucun cas l’évaluation des performances des collaborateurs. De plus, lorsque des développeurs participent à ces accélérathons, leurs projets habituels sont-ils mis en pause ? Le temps consacré est-il réellement pris en compte dans leur charge de travail ? Nous exigeons des réponses claires et des garanties écrites sur ces points.
Externalisation et ressources marocaines : une inquiétude persistante
La question de l’externalisation vers AXA Global Business Services au Maroc reste floue. Lors de la réunion de février, un recrutement était annoncé au Maroc pour coordonner les équipes du Maroc avec celles de Nanterre. Aujourd’hui, la direction affirme qu’aucune ressource marocaine n’a été intégrée au 30 octobre dans l’IA Factory, tout en maintenant un ratio cible de 65% de ressources internes contre 35% externes.
La Cfdt dénonce cette approche qui sacrifie l’emploi local au profit d’une logique purement financière. En tant qu’entreprise socialement responsable, AXA doit préserver l’emploi sur le territoire français et investir dans les compétences de ses salariés plutôt que de privilégier systématiquement l’externalisation. Nous exigeons de connaître précisément les tâches qui seront confiées à l’équipe marocaine et les garanties apportées pour protéger les emplois des fonctions centrales en France. Cette question fera l’objet d’un suivi rigoureux lors des prochains CSE.
Projets IA et impact sur les métiers : où sont les salariés dans l’équation ?
Les projets présentés – Smart in AXA, Photon, Smart Prévention Routière, Smart Guide – promettent gains de productivité et simplification du travail. Cependant, une question fondamentale demeure : quel est l’impact réel sur l’emploi et les tâches des salariés ? Les cas d’usage développés pour les sinistres, la comptabilité et la distribution visent clairement l’automatisation. Quelles garanties offre la direction concernant la préservation des emplois ?
La Cfdt revendique que chaque projet d’automatisation soit accompagné d’une étude d’impact social précise, d’un plan de formation pour les collaborateurs concernés et de garanties sur le maintien de l’emploi. L’intelligence artificielle doit être un outil au service des salariés, pas un prétexte pour réduire les effectifs. Nous demandons également que les salariés des métiers concernés soient associés dès la conception de ces outils, et non confrontés à des solutions imposées. Le dialogue social doit primer sur la course à la technologie.
Cette réunion a permis de constater la croissance rapide de l’IA Factory et du Data Office, avec une augmentation significative des effectifs et le déploiement de six équipes managériales. Les projets d’intelligence artificielle se multiplient, touchant des domaines variés : documentation, sinistres, tarification, prévention routière. La plateforme Smart Guide développée en interne témoigne d’une ambition technologique certaine. Parallèlement, les « accélérathons » se présentent comme des leviers d’innovation collaborative.
Cependant, de nombreuses zones d’ombre persistent : turnover plus élevé que la moyenne, charge de travail en augmentation, classification des managers incomplète, flou sur l’externalisation marocaine, impact social des automatisations insuffisamment documenté. La direction reconnaît elle-même que ce secteur connaîtra un turnover structurellement plus important, ce qui pose la question de la stabilité des équipes et de la préservation des compétences.
Décisions Prises et Engagements
Plusieurs décisions ont été actées : maintien de six équipes distinctes avec leurs managers respectifs, lancement d’un recrutement pour remplacer le manager OPEX parti, maintien d’un ratio cible de 65% de ressources internes, poursuite du développement de la plateforme Smart Guide, et déploiement d’un pilote sur les sinistres complexes d’ici fin 2025. La direction s’engage également à suivre la charge de travail via les pulse surveys et à maintenir un dialogue avec les équipes RH.
Toutefois, la Cfdt considère ces engagements insuffisants. Nous attendons des garanties concrètes, des délais précis et un suivi régulier devant le CSE. La transformation numérique ne doit pas se faire au détriment des conditions de travail et de l’emploi.
La Cfdt sera intransigeante sur le suivi de ces engagements. Nous ne laisserons pas la course technologique se faire au détriment de la qualité de vie au travail et de la sécurité de l’emploi. Les salariés du Data Office et de l’IA Factory méritent une reconnaissance à la hauteur de leur expertise et des conditions de travail préservant leur santé et leur équilibre personnel. L’innovation, oui, mais pas à n’importe quel prix humain. La Cfdt continuera à défendre les droits des travailleurs et à revendiquer des conditions de travail dignes dans cette transformation numérique qui s’accélère. Nous appelons tous les salariés concernés à se rapprocher de leurs représentants Cfdt pour faire remonter les difficultés rencontrées sur le terrain.